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Vatican - La place de la femme n’est pas au Vatican - LCI 19/07/2019

Alors que le pape François se dit favorable à la promotion de femmes aux postes de direction, il semble souvent incapable d’agir

La place de la femme n’est pas au Vatican

Alors que le pape François se dit favorable à la promotion de femmes aux postes de direction, il semble souvent incapable d’agir

 

Robert Mickens, Rome, Cité du Vatican

19 juillet 2019

 

Chaque année à travers le monde, le 22 juillet, l'Église catholique célèbre la fête de Sainte Marie Madeleine, "le" premier témoin de la résurrection du Seigneur et  "le" premier évangéliste.

Mais célébrer la femme dite "apôtre des apôtres" avec le rang de "fête" est une avancée très récente : cela ne date que de 2016. C'est à ce moment-là que le pape François a décrété que sa commémoration liturgique serait élevée du simple rang de "mémoire" à celui de "fête".

Marie Madeleine est actuellement la seule femme, à part la Bienheureuse Vierge Marie, à se voir attribuer un véritable jour de fête, un événement réservé aux apôtres, aux évangélistes et à quelques autres seulement.

Cela peut sembler insignifiant ou trivial. Mais les catholiques ont toujours pris au sérieux la règle lex orandi lex credendi, littéralement que notre prière reflète ce que nous croyons. L'Église l'a honorée en classant les célébrations liturgiques en fonction de leur importance.

Les plus prestigieuses sont les solennités, puis viennent les fêtes et enfin les mémoires, dont beaucoup sont facultatives. Le pape a donc accordé une importance nouvelle et officielle à Marie-Madeleine et à toutes les femmes de l'Église.

Du moins, c'était son intention dans le décret de 2016.


Faire progresser le rôle des femmes dans l'Église

Le pape François fait l’objet de critiques plus ou moins acerbes concernant ses efforts (ou son absence d’effort ?) pour promouvoir les femmes dans l’Eglise, en particulier à des postes clés au sein du Vatican.

Il est honnête mais ces critiques lui reprochent de ne pas être à la hauteur. En septembre 2014, il a suscité beaucoup d'espoir lorsqu'il a nommé une femme - la sœur missionnaire combonienne Luiza Premioli, une brésilienne - membre à part entière de la Congrégation pour l'Evangélisation des Peuples.

C'était une nomination importante et, semble-t-il, une première historique. Jusque-là, les membres des Congrégations romaines – elles sont semblables à un conseil d’administration - étaient toujours des hommes : cardinaux, évêques et parfois responsables d’ordres religieux.

Mais les mois et les années se sont écoulés et l’espoir que la nomination de Sœur Luiza marque le début d'une tendance s’est évaporé. En fait, elle est restée la première et la seule femme à être membre d'un bureau du Vatican. Le mouvement en est resté là.


Déplacer la balle, centimètre par centimètre

Puis, le 8 juillet 2019, presque cinq ans plus tard, François a fait sensation en nommant, parmi les 23 personnes nouvellement promues, sept femmes membres de la Congrégation pour les instituts de la vie consacrée et les sociétés de vie apostolique. Six de ces femmes sont supérieures générales d'ordres religieux, tandis que la septième est à la tête d'un institut séculier.

Soudain, le pape avait de nouveau lancé la balle. Mais, étonnamment, ce sont les catholiques traditionalistes - plutôt que ceux qui se disent réformistes ou progressistes - qui ont interprété cela comme une avancée majeure dans la progression des femmes vers des rôles de responsabilité et de gouvernance au sein de l'Église.

Dire que les traditionalistes ne sont pas satisfaits de cette avancée est un euphémisme. Ils sont très inquiets. Surtout parce que cet évènement intervient alors que le pape peaufine les dernières retouches au projet de document visant à réformer la curie romaine.

« Ce qui était une exception à l'époque (la nomination de Sœur Luiza en 2014) est en train de devenir la règle », écrit Sandro Magister, un italien qui couvre depuis longtemps la vie du Vatican.
« Et il est à prévoir que des nominations similaires (de femmes) suivront en nombre », a-t-il ajouté.
En nombre ? Cela ravira certainement beaucoup de catholiques.

Mais est-ce que cela va réellement se produire ? Les signaux provenant du Vatican en cette période d’inquiétude, avant que la réforme de la curie romaine soit signée et publiée, sont mitigés et contradictoires.

 

Reculs et messages contrastés

Dix jours seulement après la nomination des sept femmes comme membres de la Congrégation romaine en charge des ordres religieux, le Vatican a annoncé la nomination du nouveau directeur du Bureau de presse du Saint-Siège.

Il s'agit de Matteo Bruni, un membre de la communauté Sant'Egidio âgé de 42 ans qui travaille au bureau de presse depuis plusieurs années.

Dans le même temps, il a rendu public le choix de deux adjoints pour aider Andrea Tornielli, directeur de la rédaction pour la communication du Vatican, appelé ‘Dicastère pour la communication’ (sic.).

L'un des nouveaux adjoints est Alessandro Gisotti, 45 ans, qui a fait un travail remarquable au cours des six derniers mois en tant que directeur temporaire du bureau de presse. L'autre est Sergio Centofanti, 59 ans, employé de Radio Vatican depuis 1986.

Les trois fonctionnaires nouvellement nommés sont tous des hommes. Tous sont italiens, bien que Bruni soit né et ait vécu brièvement en Grande-Bretagne avant de grandir à Rome.

 

Les hommes toujours en charge de l'élaboration du message

Marie-Madeleine — une femme — a peut-être été la première personne à annoncer la résurrection, mais au Vatican, les hommes contrôlent toujours la communication.

Ceux qui suivent près du Tibre les événements papaux s'attendaient à ce que la nomination de Bruni soit annoncée ces jours-ci. Mais on pensait aussi qu'une femme serait nommée comme adjointe (vice-directrice du bureau de presse).

Mais ce poste, qui a été libéré le 31 janvier par les démissions soudaines de l'ancien directeur masculin et de son adjointe (Greg Burke et Paloma Garcia), n'est toujours pas pourvu.

On a demandé à au moins trois femmes d'occuper ce poste. Deux d'entre elles, l'une italienne et l'autre latino-américaine, ont refusé pour diverses raisons. Il se dit que la troisième, une brésilienne qui a travaillé au Vatican pendant de nombreuses années, n'a pas reçu l'approbation du Secrétariat d'État.

Ce message envoyé au sujet des femmes n’est pas bon.

Si vous regardez la liste de ceux qui travaillent au département de communication du Vatican, il devient désastreux.

Dans le dicastère il y a 12 postes de direction, aux responsabilités variées. Seulement 11 sont pourvus pour le moment (il n'y a pas de directeur adjoint du bureau de presse). Les hommes occupent 10 d'entre eux, neuf sont italiens et un est argentin. Une théologienne laïque slovène est la seule femme parmi eux.

Les femmes ne sont pas mieux représentées parmi les 17 membres à temps plein (ou conseil d'administration) de ce dicastère. Il n'y en a que deux. Le reste se compose de 14 cardinaux et évêques et d'un laïc.

Quant au journal du Vatican, l'Observatore Romano, qui est principalement une publication italienne avec des éditions hebdomadaires dans six autres langues, le rédacteur en chef et son adjoint sont tous deux des hommes. Il y a 31 personnes répertoriées parmi le personnel des différents départements et bureaux du journal. Seulement trois d'entre elles sont des femmes.

Cependant existe un magazine italien mensuel sur les questions féminines. Son personnel et son corps d'administrateurs sont tous des femmes, mais il s'agit d’une équipe relativement restreinte.

Ainsi, du moins dans le département de la communication, on peut à juste titre se demander à quel point le pape est sérieux quant au rôle des femmes au sein du Vatican.

 

Avancer

On ne saurait cependant trop insister sur le fait que le pape François n’est pas un adepte des bouleversements brusques et radicaux. Il préfère engager des processus qui mènent à des changements graduels mais irréversibles. Il aime construire les fondations soigneusement, au fil du temps, ce qui peut être extrêmement frustrant pour les personnes impatientes ou pour celles qui veulent agir vite, ici et maintenant.

Mais Rome n'a pas été construite en un jour et les papes qui essaient de changer les choses trop rapidement peuvent se retrouver isolés, leurs directives ignorées ou bloquées et leur santé mise en danger.

François le sait. Il choisit donc soigneusement ses batailles. Mais tandis qu’il affirme être en faveur de la promotion des femmes à des rôles de responsabilité au sein du Vatican et de toute l'Église, il semble souvent paralysé quand il s’agit d’agir.

Peut-être compte-t-il sur l’aide et l'intercession de la part des deux des femmes qu'il admire le plus : Notre-Dame et Sainte-Marie-Madeleine. Ca ne ferait certainement pas de mal.

 

 

A woman's place is … not in the Vatican

While Pope Francis says he is in favor of advancing women to leadership roles, he often seems at a loss at how to do so

Robert Mickens, Rome, Vatican City

July 19, 2019

Each year on July 22, the Catholic Church throughout the world celebrates the Feast of St. Mary Magdalene, "the first witness of the Lord's resurrection and the first evangelist".

But celebrating the woman known as the "Apostle of Apostles" with the exalted rank of "feast" is a very recent development. In fact, it dates only to 2016. That's when Pope Francis decreed that her liturgical commemoration would be elevated from being a mere "memorial".

The Magdalene is currently the only woman, besides the Blessed Virgin Mary, to be accorded a proper feast day — something reserved to the apostles, evangelists and a just a few others.

This may sound insignificant or trivial. But Catholics have always taken seriously the rule lex orandi lex credendi; basically, that our worship mirrors what we believe. And the Church has honored this by ranking the liturgical celebrations according to their importance.

The most highly ranked are solemnities. Then come feasts. And, finally, there are memorials, many of which are optional. So the pope has given new and official prominence to Mary Magdalene, and all women, in the Church.

At least that was his intention with the 2016 decree.

Advancing the role of women in the Church

Pope Francis gets mixed reviews when it comes to his efforts (or lack thereof) to promote women, especially to key posts inside the Vatican.

He often speaks a good game, but his critics charge him with failing to deliver. In September 2014, he raised the hopes of many when he appointed a woman — Comboni Missionary Sister Luiza Premioli, a Brazilian — as a full member of the Congregation for the Evangelization of Peoples.

This was a big deal and, it seems, a historical first. Up until then, "members" of Roman congregations — who constituted something akin to a board of directors — were always men: cardinals, bishops and sometimes heads of male religious orders.

But months and years went by and hopes evaporated that the appointment of Sister Luiza was the beginning of a trend. In fact, she remained the first and only woman to be a member of a top Vatican office. The move was seen as a one-off.

Moving the ball, inch by inch

Then this past July 8, almost five years later, Francis caused somewhat of a stir when he named seven women to be among the 23 people newly appointed as full members of the Congregation for Institutes of Consecrated Life and Societies of Apostolic Life. Six of these women are superiors general of religious orders, while the seventh heads a secular institute.

Suddenly, the pope had got the ball rolling again. But, surprisingly, it has been traditionalist Catholics — rather than those who describe themselves as reformist or more progressive — who have interpreted this as a major breakthrough for advancing women to decision-making and governance roles inside the Church.

To say the traditionalists are not happy with this development is an understatement. They are outright alarmed. Especially because the move comes as the pope contemplates the final touches he will put to a draft document to reform the Roman Curia.

"What was an exception then [note: the 2014 appointment of Sister Luiza] is now becoming the rule," wrote Sandro Magister, an Italian who has long covered the Vatican beat.

"And it is to be expected that other similar appointments of women will follow in droves," he said.

Droves? Well, that would certainly delight many Catholics.

But is that really likely to happen? Certainly, the signals that are coming from Vatican in this anxious period before the final reform of the Roman Curia is signed, sealed and delivered are, at best, mixed and contradictory.

Setbacks and mixed messages

Just 10 days after the appointment of the seven women as members of the Roman congregation that deals with religious orders, the Vatican announced the appointment of the new, full-time director of the Holy See Press Office.

He's Matteo Bruni, a 42-year-old member of the Sant'Egidio Community who has been working at the press office the past several years.

At the same time it announced the selection of two deputies to assist Andrea Tornielli, editorial director for the Vatican's media operations, officially named the Dicastery for Communication (sic.).

One of the new deputies is Alessandro Gisotti, 45, who has done a stellar job the past six months as the temporary director of the press office. The other is Sergio Centofanti, 59, an employee of Vatican Radio since 1986.

The three newly appointed officials are all men. And all are Italians, although Bruni was born and lived briefly in Britain before being raised in Rome.

Men still in charge of crafting the message

Mary Magdalene — a woman — may have been the first person to announce the resurrection, but at the Vatican the men are still controlling the message.

Those who follow the happenings at Pope World on the Tiber had expected Bruni's appointment to be announced in these days. But there was also the expectation that a woman would be named as his deputy (vice-director of the press office).

But that post, which was vacated on Jan. 31 with the abrupt resignations of the former male director and his female deputy (Greg Burke and Paloma Garcia), remains unfilled.

At least three women have been asked to take the position. Two of them, one an Italian and the other a Latin American, have refused for various reasons. It is said that the third, a Brazilian who has worked at the Vatican for many years, failed to receive approval from the Secretariat of State.

The message and the optics this sends regarding women are not good.

And if you look at the roster of who's in charge at the Vatican's communications department it is even more disastrous.

There are 12 "superiors", with varying tasks, in the dicastery. Only 11 of these posts are filled at the moment (there is no press office deputy director). Men occupy 10 of them — nine are Italians and one is Argentinian. A Slovenian lay theologian is the only woman in the top brass.

Women are no better represented among the 17 full-time members (or board of directors) of this dicastery. There are only two of them. The rest consist of 14 cardinals and bishops and one layman.

As for the Vatican's newspaper, L'Osservatore Romano, which is principally an Italian publication with weekly editions in six other languages, the editor-in-chief and his deputy are both men. There are 31 people listed among the staff of the paper's various departments and offices. Only three of them are women.

However, there is also a monthly Italian magazine on women's issues. Its staff and body of directors are all women, but it is a relatively small group.

So, at least in the communications department, people can rightly wonder how serious the pope is about advancing the role of women at the Vatican.

Going forward

It cannot be emphasized enough, however, that Pope Francis does not normally effect abrupt and radical upheavals. Rather, he prefers to begin processes that will lead to gradual — and irreversible — changes. He likes to carefully lay the groundwork over time, which can be extremely frustrating for impatient people or those who are bent on seeking justice here and now.

But Rome was not built in a day and popes who try to change things too quickly can find themselves isolated, their directives ignored or obstructed, and their very health and welfare in danger!

Francis knows this. So he is carefully picking his battles. And while he keeps saying he's in favor of advancing women to leadership and decision-making roles within the Vatican and the entire Church, he often seems at a loss at how to do so.

Perhaps he's banking on getting more guidance and a bit of special intercession from two of the women he admires most — Our Lady, Untier of Knots, and St. Mary Magdalene. It certainly wouldn't hurt.

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