Conférence d’Etienne Fouilloux : "Les laïcs à Lyon au XXème siècle" - 21/01/2019

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Le parcours d’Etienne FOUILLOUX ne laisse pas indifférent.

L’Ecole Normale Supérieure, l’agrégation d’histoire, un doctorat ès lettres -avec René REMOND sur les origines de l’œcuménisme ; un sujet peut-être choisi de par son appartenance à l’Eglise Protestante Unie- l’ont conduit à enseigner l’histoire contemporaine aux universités Paris X Nanterre, Caen et Lyon 2 Lumière.

Etienne FOUILLOUX a publié autour des thèmes de l’histoire de l’œcuménisme, de la pensée catholique et de Vatican II.

 

 

 

E. F. a débuté son exposé en clarifiant deux mots :

  • Le cléricalisme : au départ il qualifie le rôle indu de l’Eglise dans la vie de l’état. Aujourd’hui sa signification s’est déplacée à l’intérieur de l’Eglise et touche les questions qui sont apparues à la suite de la vieille distinction entre Eglise enseignante et Eglise enseignée.
  • Laïc : c’est un nom récent apparu dans les années 30. Le terme (adjectif) désignait alors ce qui était en dehors de l’Eglise (école laïque par exemple). Il qualifie aujourd’hui ceux et celles qui ne sont ni clercs, ni religieux.

 

Lyon a joué au XXème siècle un rôle majeur dans la montée du rôle des laïcs dans l’Eglise.

E. F. articule son exposé autour d’un classement des laïcs en cinq types différents.

 

L’homme et la dame d’œuvres au XIXème siècle

A Lyon la « Congrégation des messieurs » regroupe une centaine de notables du monde économique et quelques ‘prêtres bourgeois’ autour d’un paternalisme de bon aloi qui s’appuie sur la notion de devoirs que les dirigeants/possédants ont envers les dirigés. Ce sont les œuvres qui assurent le salut, il faut donc favoriser la morale chrétienne.

D’influence jésuite (les jésuites en assurent la direction spirituelle) elle ne joue pas de rôle politique.

Un schéma similaire existe dans le monde protestant mais s’appuyant sur la théologie protestante du salut par la foi.

La dame d’œuvres est plus tournée vers l’enfance.

On est dans la perspective d’une lutte générale contre l’anticléricalisme.

 

 

Le militant du catholicisme social

C’est le produit de l’encyclique « Rerum Novarum » (RN, 1892) qui a lancé ce qui a été appelée la doctrine sociale de l’Eglise. Nous sommes dans un schéma clérical dans le sens où le mouvement est initié par le clergé.

Devenant social le catholicisme ouvre une troisième voie aux côtés du socialisme / communisme et du libéralisme : l’Eglise, suivant la conjoncture, l’orientera plus ou moins d’un côté ou de l’autre.

Lyon est pionnière dans la réception de RN : les Chroniques sociales et les Semaines sociales (1904) naissent à Lyon.

Les aumôniers des mouvements sont choisis avec précaution par l’évêque : tous les prêtres ne sont pas ouverts à cette nouvelle dimension de l’Eglise. Il nait ainsi une forte complicité entre aumôniers et militants.

Ces derniers sont d’origine plus modeste que ceux du XIXème siècle.

On peut se poser la question de savoir si les plus marquants d’entre eux sont de ‘vrais’ laïcs. Souvent célibataires ils ont un engagement fort, peu compatible avec le mariage. Ils appartiennent souvent à des tiers ordres (franciscain pour M. Gonin et J. Folliet, tous deux engagés dans la Chronique Sociale), suivis en cela par leurs secrétaires. On peut parler d’une vocation à la prêtrise rentrée (G. Rosset -ND des Sans-Abris- vit en communauté, J. Folliet sera ordonné prêtre sur le tard).

La prégnance du modèle clérical reste forte mais avec une vraie souplesse.

 

L’action catholique spécialisée

Elle s’adresse à la société -en particulier aux mondes agricole et ouvrier- par l’évangélisation d’un milieu par lui-même. On en retient souvent la formule ’voir, juger, agir’ mais elle n’était pas nouvelle.

Ce sera un extraordinaire mouvement d’émancipation des jeunes, en particulier des femmes. Hommes et femmes ont leurs propres mouvements mais ce n’est pas aussi négatif qu’on pourrait le juger avec nos regards d’aujourd’hui.

On reste dans une démarche cléricale très intégrée dans la pastorale. La hiérarchie ecclésiale donne mandat aux mouvements ce qui leur confère la légitimité. Ce faisant elle engage sa responsabilité : elle met alors des limitations. Des conflits en naîtront (La guerre d’Algérie et la JEC).

Les milieux dits indépendants développent leurs mouvements. A Lyon l’ACI ne démarrera qu’avec le cardinal Gerlier (les évêques le précédant étaient trop conservateurs pour la lancer).

 

Les inclassables

  • A Caen démarre la ‘Paroisse universitaire’ (PU).

      Elle réunit des professeurs de l’éducation nationale qui se sentent mal aimés des           deux bords. Pour la formation elle fonde des ‘Journées Universitaires’ qui se         déplacent en France.

            A Lyon la PU est forte et puissante.

  • Vie Nouvelle, VN (1947)

            D’origine scoute (les routiers) elle est influencée par la pensée d’E. Mounier.

            Son objectif n’est pas l’évangélisation mais le changement de l’Eglise.

            Militant pour une laïcité vraie, elle est indépendante de la hiérarchie catholique et        n’en n’a donc pas mandat. Cependant des aumôniers lui sont affectés par          ‘négociation’ ; ils seront souvent très intégrés (On peut citer M.     Bobichon à Lyon         pour la PU et J. Mateoci pour VN).

            A Lyon on doit noter la forte implication du couple Stagnara.

            J. Delors sera membre de VN.

 

Les communautés nouvelles

Elles représentent un nouveau statut entre sacerdoce et laïcat où clercs et laïcs vivent une vie communautaire dans une diversité d’engagement qui répond à une demande.

Dès 1930 les premières tentatives apparaissent (M. Delbrel, la Mission de France).

En 1947 Rome crée les instituts séculiers pour répondre à ce mouvement mais très vite en leur sein se créeront des entités spécifiques pour en accueillir les prêtres : on est vite revenu aux bases du cléricalisme dans la séparation entre clercs et laïcs.

A Lyon naissent le Chemin Neuf, l’Epiphanie et la Croix.

Tout en étant prudente l’Eglise va accepter ces ressources nouvelles : à Lyon le cardinal Decourtray tranche et leur fait confiance tout en demandant leur aide.

 

 

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