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Tokyo - La question des "hommes mariés à la vertu démontrée" - LCI 21/10/2019

Les hommes célibataires sont-ils dispensés de l'exigence d'être vertueux ou la preuve n'est-elle pas nécessaire puisqu'elle peut être présumée ?

 

Père Bill Grimm MM, Tokyo

Japon

21 octobre 2019

 

 

L’ordre du jour du synode des évêques de la région pan-amazonienne, qui se tient à Rome, comporte des discussions sur l’ordination « d'hommes mariés à la  vertu prouvée» (viri probati) afin de permettre à des catholiques d'Amazonie de célébrer l'Eucharistie ; en effet la pénurie de prêtres y empêche les fidèles de partager ce sacrement pendant des mois, voire des années.

Le sujet est important et la mise en œuvre éventuelle d'une telle démarche est essentielle non seulement pour le peuple de Dieu en Amazonie, mais dans le monde entier si nous voulons rester fidèles à la tradition catholique selon laquelle l'Eucharistie est "la source et le sommet de la vie chrétienne. "

En termes simples, si l’Eucharistie est ce que nous disons, alors le droit des catholiques de partager ce sacrement est absolu et ne doit pas être entravé, et encore moins empêché, par des réglementations dogmatiques, historiques ou régionales, concernant le célibat ou les règles du service sacramentel.

Et pourtant, bien que la question soit de la plus haute importance, la manière dont elle est abordée est soit comique, soit insultante, soit l’une et l’autre, à votre choix.

À la lumière des abus sexuels et de la corruption financière du clergé qui déchirent l’Église catholique depuis au moins trois décennies et de la culture cléricale qui l’encourage, il est difficile de ne pas rire devant l’exigence implicite que les hommes mariés aient besoin d'une vérification particulière de leur vertu pour être ordonnés.

Je n'ai jamais entendu parler d'ordonner des hommes célibataires d'une vertu démontrée. Avons-nous seulement besoin de la vertu prouvée des hommes mariés ? Les hommes célibataires sont-ils dispensés de cette obligation parce qu’ils sont nécessairement vertueux, la preuve de leur vertu n’étant pas nécessaire soit parce qu’elle est présumable ou parce que ce n’est pas si important quand on est célibataire ?

Les faits ne montrent pas que les prêtres célibataires sont de meilleurs exemples de vertu que les autres hommes. Au mieux, nous espérons et prions pour que, dans l'ensemble, ils ne soient pas pires que les hommes mariés, comme c'est probablement le cas.

Ainsi, insister sur la vertu « prouvée » est assez ridicule ; ironiquement amusant pour ceux qui, comme moi, ont un fond sarcastique.

Cependant, il y a un aspect beaucoup moins drôle. L'exigence d’une vertu démontrée implique que, d'une manière ou d'une autre, les hommes mariés ne sont pas ipso facto considérés vertueux, sauf preuve du contraire. Pourquoi cela est-il ? Qu'y a-t-il chez les hommes mariés qui ferait du vice la présupposition de leur état ?

De toute évidence, le fait fondamental concernant les hommes mariés est que leur vie implique des femmes. Et pas seulement des femmes mais les femmes avec qui ils ont des relations sexuelles.

Il y a une longue histoire dans l'Église catholique, en particulier parmi les clercs, selon laquelle le sexe est en quelque sorte souillé et que les femmes sont des invitations au péché. Cette attitude est l’une des raisons (pas la seule ni, on espère, la principale) de l’accent mis sur le célibat.

Lorsque, après la restauration récente du strict respect liturgique des anciennes pratiques latines, les évêques du Japon ont voulu réaffirmer leur pratique consistant à ne pas embrasser l'autel pendant la messe, un cardinal de la curie a insisté sur le fait qu'ils devaient réintroduire le baiser car il s'agissait d'un geste universel de respect.

Il a souligné que lorsque les Japonais rencontrent leur empereur, ils s’agenouillent et embrassent sa bague. En fait, ils s'inclinent et ne touchent pas du tout Sa Majesté qui ne porte pas de bague. Cette erreur n'a pas impressionné Son Eminence. Il a insisté sur le fait que le baiser de l'autel devait être restauré.

Ce qui l’a finalement incité à changer d’avis, c’est qu’un évêque lui a fait remarquer qu’au Japon, s’embrasser est un geste sexuel. Le mot "sexe" était suffisant pour faire reculer le cardinal et déclarer que si tel était le cas, une inclinaison pourrait remplacer le baiser au Japon.

Cependant, il ne pourrait pas s'agir d'une « inclinaison japonaise ». Personne n'a encore compris à quel point l’inclinaison diffère au Japon de ce qui se pratique ailleurs. Mais, au moins pour une fois, la méfiance ecclésiastique du sexe a fait avancer la cause du bon sens.

Bien sûr, ordonnons des hommes, mariés ou non, afin de permettre à tous les catholiques d'accéder à l'Eucharistie, où qu'ils vivent. (L’ordination des femmes n’est pas à l’ordre du jour et il est peu probable qu’elle le soit avant longtemps.)

Bien sûr, attendons de ces hommes qu'ils soient vertueux, comme nous attendons de tous les chrétiens qu'ils soient vertueux. Mais cessons de faire comme si les hommes mariés avaient plus besoin d'être examinés par la police de la vertu ou par la brigade des mœurs que les hommes célibataires.

 

The question of 'married men of proven virtue'

Are celibate men exempt from the requirement of being virtuous or is proof not needed because it can be presumed?

Father Bill Grimm MM, Tokyo
Japan

October 21, 2019

The agenda for the Synod of Bishops for the Pan-Amazon Region being held in Rome includes discussion of the ordination of "married men of proven virtue" (viri probati) to provide opportunities to join in the Eucharist for the Catholics of Amazonia, where a shortage of priests prevents people from sharing in the sacrament for months or even years.

The topic is important and the eventual implementation of such a move is essential not only to the People of God in Amazonia but throughout the world if we are to be true to the Catholic tradition that the Eucharist is "the source and summit of the Christian life."

Simply put, if the Eucharist is what we say it is, then the right of Catholics anywhere to share the sacrament is absolute and must not be hindered, let alone prevented, by lesser non-dogmatic historically and regionally developed regulations regarding celibacy or models of sacramental service.
And yet, though the issue is of utmost importance, the way the matter is expressed is either comic or insulting or both, depending upon your taste.

In light of the sexual abuse and financial corruption by clergy that have been tearing the Catholic Church apart for at least the past three decades, and the clerical culture that abets it all, it is hard to not give a sardonic smirk or even a loud guffaw at the implicit claim that married men need special supplementary verification that they are of "proven" virtue in order to be ordained.

I have never heard talk of ordaining "celibate men of proven virtue." Do we only require certifiable virtue of married men? Are celibate men exempt from that requirement because though they can and should be virtuous, proof of their virtue is not needed either because it can be presumed or because it is not so important as being at least nominally celibate?

Certainly the evidence does not show that celibate priests are greater exemplars of virtue than other men. At best, we hope and pray that on the whole they are no worse than married men, as is probably the case.

So, the emphasis upon "proven virtue" is ridiculous enough to be mildly amusing to those who, like I, are sarcastically inclined.

However, there is a much less amusing aspect to the emphasis. The requirement of "proven virtue" carries the implication that somehow or other, men who are married are ipso facto not to be considered virtuous unless proven otherwise. Why might that be? What is it about married men that would make vice the presupposition of their state?

Obviously, the basic fact about married men is that their lives involve women. And not only women but women with whom they have sex.

There is a long history in the Catholic Church, especially perhaps among clerics, of considering sex to be somehow defiling and women to be invitations to sin. That attitude is one of the reasons (not the sole one nor, one hopes, the chief one) underlying the emphasis upon celibacy.

When after the recent restoration of strict liturgical compliance with older Latin practices, the bishops of Japan wanted to reaffirm their practice of not kissing the altar during Mass, a curia cardinal insisted that they must reintroduce kissing because it is a universal gesture of respect.

He pointed out that when Japanese meet their emperor, they genuflect and kiss his ring. In fact, they bow and do not touch His Majesty at all. And he does not wear a ring. Those facts made no impression upon His Eminence. He insisted that kissing the altar must be restored.

What finally got him to change his mind was a bishop's pointing out to him that in Japan kissing is solely a sexual gesture. The word "sex" was enough to get the cardinal to back off and declare that if such were the case, a bow could replace the kiss in Japan.

However, it could not be a "Japanese bow." No one has yet figured out how bending at the waist differs in Japan from doing so elsewhere. But, at least for once, the ecclesiastical wariness of sex advanced the cause of common sense.

By all means, let's ordain men, married or not, in order to open access to the Eucharist to all Catholics no matter where they live. (The ordination of women is not in the present state of the question within the realm of realistic possibility and is unlikely to be so for a long time if ever.)
By all means, let's expect those men to be virtuous, as we expect all Christians to be virtuous. But let's stop acting as if married men are somehow more in need of vetting by the virtue police or vice squad than unmarried men, whether celibate or merely single.

 

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Date de dernière mise à jour : 24/10/2019