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Un voyage se termine, un autre commence

Un voyage se termine, un autre commence

Une évaluation de la première session du concile de l'Église catholique d'Australie

John Warhurst

Australie

30 octobre 2021

Dix jours après que l'Église catholique d'Australie ait clôt la première assemblée de son concile, chaque délégué a reçu un formulaire d'évaluation.

En plus de réfléchir à notre expérience, on nous a demandé de réfléchir à la manière dont nous compléterions la phrase "Il aurait été bon que...". Les autorités nous ont dit que nos réponses aideraient au déroulement de la deuxième assemblée.

Dans ma réponse, j'ai noté que le fonctionnement de la première assemblée ne pouvait être séparé de ses préparatifs. Ces préparatifs nous ont conduits au point de départ de l'assemblée et c'est à ce point que nous nous sommes arrêtés.

La préparation de la deuxième assemblée est en grande partie un cas de "On y va encore une fois" : nous avons à reprendre un voyage interrompu. Nous devons en tirer les leçons pour améliorer la suite du voyage : la qualité de la deuxième assemblée en dépendra.

Le voyage de neuf mois entre le document de travail et les premières questions à l'ordre du jour de l'assemblée me semble très similaire au voyage de la même durée qui nous attend d'ici juillet prochain. Les ingrédients sont très similaires. Il y a les entrées, les mécanismes internes comme les commissions pour traiter les entrées, puis les sorties.

Avant la première Assemblée, il y a eu 17 500 soumissions venant des fidèles de l'Australie.

Elles ont été résumées dans les rapports diocésains puis nationaux du Centre national de recherche pastorale de la Conférence des évêques catholiques australiens. Une autre dilution est venue du travail de six groupes de discernement et de rédaction organisés autour de thèmes choisis par les autorités du concile. Elle a été suivie de la rédaction du document de travail du concile (Instrumentum Laboris) par un groupe composé de quatre personnes. Une dernière étape a été franchie par les autorités du concile qui ont généré les 16 questions de l'ordre du jour, celles qui ont façonné l'assemblée elle-même.

Ces questions avaient été distribuées pour avis à dix groupes d'environ trente membres chacun.

La gouvernance du concile doit être plus synodale qu'elle ne l'a été jusqu'à présent

Les appels réguliers lancés par les groupes de réforme en faveur d'une plus grande transparence dans ce processus n'étaient pas un exercice synodal théorique mais une tentative pratique de l’améliorer en l'ouvrant à un discernement plus large.

Les personnes occupant des postes de responsabilité à la Commission des évêques, au Comité exécutif et à l'équipe d’organisation, n'ont pas cherché à obtenir l'aide de l’ensemble de la communauté catholique. Cette démarche a été ignorée et cela s'est traduit par des limites dans les résultats finaux.

Ce processus recommence maintenant avec les mêmes personnes aux commandes.

Une différence importante est que le comité de pilotage, composé en grande partie d'évêques (cinq des six membres de droit, plus deux ou trois présidents et deux facilitateurs), qui a régi la première assemblée, a été rejoint par un comité de rédaction, dont la responsabilité est de produire des projets de motions à voter lors de la deuxième assemblée.

Ce comité, qui jouera un rôle crucial, est composé de cinq personnes sélectionnées par les autorités : Les évêques Paul Bird (Ballarat[1]) et Shane Mackinlay (Sandhurst[2], vice-président du concile), la professeure Renée Kohler-Ryan, directrice de l'école de philosophie et de théologie de l'université Notre Dame, le Dr Stephen Mellor, doyen de la cathédrale St Etienne de Brisbane et la Dr Sandie Cornish, responsable du bureau Justice, paix et écologie de la Conférence des évêques.

La relation entre ce comité de rédaction qui ne s'est pas encore réuni et le comité de pilotage n'est pas claire.

Ce qui n'est pas clair non plus, ce sont les documents considérés comme des contributions. Les dix rapports finaux des groupes de la première assemblée (Cf. ci-dessus) sont-ils un point de départ ?

Si c'est le cas, ces rapports ne constituent qu'une faible avancée par rapport aux étapes précédant la première assemblée. Comparés aux six rapports des premiers groupes de rédaction de 2020, ils ont souffert d'une précipitation excessive dans leur rédaction.

Il n'y avait pas assez de temps alloué à l’assemblée, sans parler du handicap des questions mal construites et mal réparties, pour que quelque chose de plus solide puisse en émerger.

Une seconde différence est que les 277 membres du concile ont désormais pris leurs fonctions. Des liens plus solides existent entre eux et une certaine confiance en leurs capacités s'est installée.

Un sentiment d'autonomie, alimenté par une certaine frustration, est apparu. C’est potentiellement d'un apport puissant et positif à la dynamique du concile.

Les autorités ont publié une liste des principaux développements attendus d'ici à juillet 2022. Il s'agit notamment de « Discernement sur les résultats de la première Assemblée » et de « Préparation de documents et de propositions pour la deuxième Assemblée ». Ce que cela signifie reste vague.

Espérons que des leçons ont été tirées. Comme pour toutes les questions ecclésiales, la gouvernance du concile doit être plus synodale qu'elle ne l'a été jusqu'à présent. Pour ce faire, elle doit être plus transparente, plus inclusive et plus responsable.

John Warhurst est professeur émérite de sciences politiques à l'Université nationale australienne, président de Concerned Catholics Canberra Goulburn[3] et membre du Concile.

 

Traduit par Jean-Paul pour la CCB lyon

 

Plus d'informations ici :

https://international.la-croix.com/news/religion/one-journey-ends-another-begins/15129

One journey ends, another begins

An evaluation of the first session of the Plenary Council of the Catholic Church in Australia

By John Warhurst

Australia

October 30, 2021

Ten days after the Catholic Church in Australia concluded the first Assembly of its Plenary Council, each member was sent an Evaluation Form to complete.

As well as reflecting on our experience we were asked to consider how we would complete the phrase 'It would have been good if…'. The authorities told us that our responses would help to plan the second Assembly.

In my own response I noted that the working of the first Assembly itself could not be separated from the preparations for it. These preparations got us to the Assembly starting point and that point shaped where we halted.

The preparation for the second Assembly is very much a case of 'Here we go again'. We are replicating a previous journey and we must learn the lessons in a way which improves the whole experience. The quality of the second Assembly will depend upon it.

The nine-month journey from the Working Document to the first Assembly Agenda Questions looks to me very much like the similar length journey which faces us from now to next July.

The ingredients are very similar. There are inputs, internal mechanisms such as committees to process the inputs, and finally outputs.

Prior to the first Assembly there were the 17,500 submissions from the faithful of Australia.

These were then summarised in national and diocesan reports from the National Centre for Pastoral Research of the Australian Catholic Bishops Conference (ACBC).

The first subsequent dilution came with the work of the six Writing and Discernment groups organised around themes chosen by the Plenary Council authorities.

Following this stage a four-person drafting committee produced the Working Document (Instrumentum Laboris).

The final step was again taken by the PC authorities themselves, producing the 16 Agenda Questions, which shaped the Assembly itself.

These questions were then distributed for discernment across ten small groups of about thirty members each.

The governance of the Plenary Council must be more synodal than it has been so far

The regular calls for greater transparency in this process by reform groups were not a theoretical synodal exercise, but a practical attempt to improve the outcomes of the process by opening it up to wider scrutiny.

Those in responsible positions, such as the Bishops Commission, the Executive Committee and the Facilitation Team, failed to seek the assistance of the wider Catholic community. Good process was ignored, and it showed in the limits in the final outcomes.

The process is now starting again with same people in charge.

The major exception is that the Steering Committee, largely a group of bishops (five out of six ex-officio members, plus 2-3 chairpersons and two facilitators), which governed the First Assembly, has now been joined by a Drafting Committee, whose responsibility is to produce draft motions to be voted on at the second assembly.

This committee, which will perform a crucial role, comprises five people selected by the authorities: Bishops Paul Bird (Ballarat) and Shane Mackinlay (Sandhurst, Deputy President of the PC), Professor Renee Kohler-Ryan, Head of the School of Philosophy and Theology, Notre Dame University, Rev Dr Stephen Mellor, Dean of St Stephen's Cathedral, Brisbane, and Dr Sandie Cornish, Leader of the Justice, Peace and Ecology Office for ACBC.

The relationship of this key drafting committee, which is yet to meet, to the steering committee remains unclear.

What is also unclear is what materials are regarded as the inputs. Are the ten final reports of the small groups from the first assembly the starting point?

If so, then these hastily assembled reports constitute little further advance on the pre-Assembly stages of the process. Even when compared to the six reports of the earlier writing groups (2020) the flawed first assembly process meant that they suffered from excessive haste.

There was just not enough time allowed within the assembly, not to mention the handicap of the poorly constructed and allocated questions, for anything more considered to emerge.

The other exception on this occasion is that the 277 Plenary Council members have now effectively taken 'office'. Stronger networks exist between them and some confidence in their own ability has been built.

A sense of empowerment, fuelled by an element of frustration, has emerged. This is potentially a powerful new and positive addition to the dynamics of the Plenary Council.

The Plenary Council authorities have issued a timeline for the key developments expected by 4-9 July 2022. These are said to include: “Prayerful discernment on the outcomes of the first Assembly. Preparation of papers and proposals for the second Assembly”.

Exactly what that means remains remarkably vague. Let us hope that lessons have been learned. Like all church matters, the governance of the Plenary Council must be more synodal than it has been so far. For this to happen it must be more transparent, inclusive and accountable.

John Warhurst is an Emeritus Professor of Political Science at the Australian National University, chair of Concerned Catholics Canberra Goulburn, and a Plenary Council member

Read more at:

https://international.la-croix.com/news/religion/one-journey-ends-another-begins/15129


[1] Diocèse australien

[2] idem

[3] Association de laïcs engagés dans le renouveau de l’Eglise

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