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Le président de la Zdk

Le président de l’organisation des laïcs catholiques affirme que le chemin synodal ne conduira pas au schisme

Les évêques et les représentants laïcs ont entamé ce processus de deux ans le 30 janvier à Francfort

 

Christa Pongratz-Lippitt Allemagne  31 janvier 2020

 

Le président de la puissante organisation allemande des laïcs catholiques (ZdK) a rejeté avec force les accusations des ultraconservateurs selon lesquelles le chemin synodal de deux ans que l'Église allemande vient d'ouvrir, conduirait au schisme.

« Ce n'est pas parce qu'un très petit groupe d'évêques et de sites web protestent -de plus en plus et de manière acerbe- contre cette voie de réforme qui a été décidée à la majorité par la conférence des évêques, que leurs accusations reflètent la réalité », a déclaré Thomas Sternberg, président du Comité central des catholiques allemands (ZdK).

Ce laïc de 67 ans est coprésident du Chemin Synodal avec le cardinal Reinhard Marx, président de la Conférence des évêques allemands (DBK). Les deux hommes et les 230 membres de l'assemblée synodale ont officiellement ouvert le 30 janvier ce processus de réforme et sa première assemblée plénière à Francfort.

T. Sternberg, un ancien homme politique démocrate-chrétien et père de cinq enfants, a déclaré au site kirche-und-leben.de[1] qu'il pense que la voie synodale apportera une plus grande unité plutôt qu'un schisme.

 

Les évêques et les laïcs ensemble

Il a souligné la « coopération exceptionnellement confiante » entre les évêques et les laïcs dans la préparation de ce travail en commun, affirmant que cela n'aurait pas été possible il y a quelques années.

« Prétendre que le seul ZdK veut une réforme, et que les évêques ne peuvent pas contrer ces laïcs obstinés, n'a rien à voir avec la réalité », a commenté T. Sternberg.

Il a également exprimé son désaccord avec les critiques qui ont qualifié le chemin synodal d'une sorte de Sonderweg[2] allemand, parlant d’une accusation déplacée.

Il a noté que l'assemblée du synode des évêques pour l'Amazonie, qui s'est tenue en octobre dernier à Rome, a révélé que beaucoup des problèmes de l'Église allemande sont présents dans l'Église latino-américaine.

Certains critiques affirment que le ZdK a suscité des attentes exagérées en insistant sur le fait que si la voie synodale élabore des résolutions de réforme contraignantes, seuls les évêques pourront décider des recommandations à mettre en œuvre.

 

Les délégués laïcs auront une véritable voix

T. Sternberg a déclaré que ceux qui pensent ainsi doivent relire l'ordre du jour de l'Assemblée Synodale, qui dit clairement que chaque évêque pourra décider si une résolution sera mise en pratique ou non dans son diocèse.

Il a ajouté que les délégués laïcs n’auront pas seulement un rôle consultatif, comme lors de la réunion du Synode des évêques, mais voteront les résolutions avec les évêques.

L'Assemblée Synodale compte 230 membres, dont 69 évêques. Les 161 autres sont des laïcs, dont 70 sont des femmes.

 

Ce que le Chemin Synodal peut et ne peut pas décréter

T. Sternberg a déclaré que l'assemblée voterait trois catégories différentes de résolutions :

celles qui pourraient être mises en pratique directement dans les diocèses,

celles qui seraient envoyées à Rome pour examen en vue d’approbation,

celles qui ne pourraient pas être décidées par un pape ou un synode épiscopal, mais seulement par un concile.

Le président du ZdK a ensuite expliqué comment cela fonctionnera, en utilisant l'exemple de la promotion du rôle des femmes dans l'Église : la question de savoir si les femmes pourraient présider des funérailles catholiques ou devenir membres des chapitres de la cathédrale relève de la première catégorie -c'est-à-dire qu'elle pourrait être mise en pratique directement- ; la question de savoir si les femmes pourraient être ordonnées diacres relève du pape ; enfin seul un concile pourrait décider si des femmes peuvent être ordonnées prêtres.

 

Les catholiques allemands exigent des réformes

Plus d'un millier de suggestions et de questions ont été soumises à la procédure synodale.

Elles vont de la demande d'un plus grand équilibre des pouvoirs au sein de l'Église à une refonte de l'enseignement sur la morale sexuelle  « qui ne touche plus de nombreux catholiques depuis des années ». Elles comprennent également des préoccupations concernant les regroupements de paroisses et les questions environnementales. Selon T. Sternberg, cela montre à quel point la demande de réforme est importante chez les catholiques allemands.

On lui a demandé comment il voyait la situation actuelle d'une Eglise où les évêques latino-américains veulent ordonner des hommes mariés et où le cardinal Robert Sarah refuse de céder à « l’air du temps ».

« Historiquement, nous sommes dans une situation remarquable », a déclaré T. Sternberg.

« Après la mort de Paul VI, un grand pape réformateur, la réforme de l'Église s'est arrêtée pendant des décennies. Jean Paul II a apporté de nombreux changements significatifs, mais pratiquement aucune réforme au sein de l'Église", a-t-il poursuivi.

« Maintenant, avec François, nous avons un pape qui fait bouger les choses et promeut un large débat, auquel certaines personnalités influentes s'opposent avec force. Je voudrais mettre en garde contre la surestimation de telles voix », a averti le leader laïc.

Il s'est dit « assez sûr » que l'Eglise ira vers une constitution différente, bien qu'il ne puisse pas dire qu’il s'agisse d'un mouvement mondial.

« Dans le monde occidental, la prééminence des évêques va s'effacer et l'Église va devenir plus démocratique », a estimé T. Sternberg. « Au moins en ce qui concerne sa structure sociale ».

La première assemblée plénière du Chemin Synodal allemand se terminera le 1er février à Francfort. La deuxième assemblée se tiendra dans la même ville du 3 au 5 septembre.

 

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