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Allemagne - La réflexion dans l'Église allemande se fera par étapes - LCI 4/11/19

Quatre questions importantes seront débattues au cours des deux prochaines années

 

Claire Lesegretain

Allemagne

4 novembre 2019

 

Evêques et laïcs allemands vont commencer un dialogue de deux ans qui portera sur ces quatre thèmes : le pouvoir dans l'Eglise, le célibat chez les prêtres, la place des femmes et la morale sexuelle. Fidèle à sa réputation d'enfant terrible, l'Eglise allemande a inscrit les questions les plus controversées à l'ordre du jour de la réflexion qu'elle entreprendra le 1er décembre, premier dimanche de l'Avent.

C’est un « processus synodal contraignant » imaginé l'année dernière à la suite du rapport qui critiquait sévèrement la façon dont elle avait traité le problème des abus sexuels. Klaus Nientiedt, rédacteur en chef de l'hebdomadaire diocésain Konradsblatt de Fribourg-en-Brisgau, en soulignant la large participation des laïcs, parle d’un « chemin synodal par étapes ».

Sur les 230 membres de l'Assemblée synodale, 94 seront élus par le Comité central des catholiques allemands (ZDK). Il sera possible, au cours de la première phase, de participer sur Internet.

 

Une approche qui a fait l'objet d'un vif débat

Préalablement, lors de sa réunion annuelle, le ZDK devra s’accorder sur la manière d'organiser le processus. K. Nientiedt estime cependant que cela ne devrait pas poser de problèmes, estimant que les relations sont excellentes entre le cardinal Reinhard Marx de Munich et président de la Conférence Episcopale Allemande (DBK) et Thomas Sternberg, président du ZDK.

Cependant, le processus a fait l'objet de vifs débats entre les évêques lors de leur assemblée plénière de septembre dans la ville de Fulda, au centre de l'Allemagne, trois semaines après qu'une lettre adressée au cardinal Marx et signée par le cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques, ait mis en garde l'épiscopat allemand contre cette initiative sans précédent, qui fait grincer bien des dents à Rome.

« Bien entendu, nous savons que nous ne pouvons pas résoudre localement les problèmes qui affectent l'Église universelle », explique Stefan Vesper, directeur général de la ZDK. « Nous voulons un processus ouvert, et avec les évêques allemands, nous souhaitons décider quels changements peuvent être mis en œuvre dans nos diocèses. »

 

Les commissions travailleront deux ans

Les membres seront élus fin janvier. Ils éliront à leur tour leurs deux présidents, un évêque et un théologien laïc ; les commissions travailleront sur une période de deux ans.

« C'est un délai très court, car il ne s'agit pas d'inventer mais de reprendre les nombreux travaux sur ces sujets », a déclaré K. Nientiedt.

La première commission, intitulée "Pouvoir, participation et séparation des pouvoirs", devrait se concentrer sur les tribunaux ecclésiastiques et sur la manière dont les baptisés peuvent contester les décisions ecclésiastiques. « La séparation peu claire des pouvoirs dans l'Église est souvent le terreau du cléricalisme », a déclaré le président du ZDK.

Le travail de la commission sur le célibat sacerdotal se déroulera dans un contexte marqué par le désir de longue date du ZDK et de certains évêques allemands de relâcher l’obligation de célibat.

Récemment, Mgr Georg Bätzing, évêque du Limbourg, a estimé que « si les prêtres étaient libres de choisir le mariage ou non, cela ne nuirait pas à l'Église ».

 

Une place plus juste pour les femmes

Il n'est pas anodin que la troisième commission (sur les femmes dans l'Église) soit probablement sous la responsabilité de Mgr Franz-Josef Bode, évêque d'Osnabrück, et de Dorothea Sattler, professeur de théologie dogmatique et œcuménique à l'Université de Münster. C'est de Münster que la semaine de grève des femmes dans les paroisses pour exiger une place plus juste dans l'Eglise a été lancée en mai de cette année.

« Il est important de réfléchir pour argumenter en faveur de l'ordination des femmes. Cela implique une réflexion sur la place du Christ dans le sacrement de l'Ordre", a expliqué D. Sattler à La Croix.

Enfin, la commission « sexualité » visera à rendre accessible et crédible le discours ecclésial sur cette question.

Pour Stephan Goertz, théologien moral de Mayence, « toutes les interdictions que l'Eglise impose à la sexualité constituent un dilemme fondamental dans le cœur des catholiques et contribuent à éloigner les baptisés de l’Eglise ».

Les décisions devront être prises à la majorité du clergé et des laïcs, et à la majorité des deux tiers des évêques.

 

 

Reflection in the German Church will be done in stages

Four issues of great significance to be debated over the next two years

Claire Lesegretain
Germany

November 4, 2019

From Dec. 1, German bishops and lay people will begin a two-year dialogue on four themes: power in the Church, celibacy among priests, the place of women and sexual morality.

Faithful to its reputation as an "enfant terrible," the German Church has included the most contentious issues in the agenda it will undertake from Dec. 1, the first Sunday of Advent.

In this case, it has confirmed what it calls a "binding synodal process," which it conceived last year following a critical report on how it had been handling sexual abuse cases.

"It is a synodal journey in stages," says Klaus Nientiedt, editor-in-chief of the diocesan weekly Konradsblatt in Freiburg im Breisgau, emphasizing the broad participation of the laity.

Of the 230 members of the Synodal Assembly, 94 will be elected by the Central Committee of German Catholics (ZDK). It will also be possible, during the first phase, to participate on the Internet.

A hotly debated approach

Before that, at its annual meeting, the ZDK will have to agree how to organize this process.

Nientiedt, however, believes that should not pose any problems, saying "relations are excellent" between Cardinal Reinhard Marx of Munich and President of the German Bishops' Conference (DBK), and Thomas Sternberg, President of the ZDK.

However, the process was hotly debated between the bishops at their September Plenary Assembly in the central Germany city of Fulda. That came three weeks after a letter addressed to Cardinal Marx and signed by Cardinal Marc Ouellet, Prefect of the Congregation for Bishops, warned the German episcopate against this unprecedented initiative, which is causing some teeth to grind in Rome.

"Of course, we know that we cannot change at the national level the problems that affect the universal Church," explained Stefan Vesper, Director General of the ZDK. "We accept that this process is open but together with the German bishops we want to decide what changes can be implemented in our dioceses."

Two-year period for the commissions

The members, elected at the end of January, will in turn elect their two presidents, a bishop and a lay theologian, having set a two-year deadline for the commissions.

"This is a short deadline, because it is not a question of inventing but of taking up the many works on these subjects, which are not new," said Nientiedt.

The first commission, entitled "Power, Participation and Separation of Powers", is likely to focus on ecclesiastical courts and how baptized people can challenge ecclesiastical decisions.

"The unclear separation of powers in the Church often provides the breeding ground for clericalism," said the ZDK president.

The work of the Commission on Priestly Celibacy will take place in a context marked by the long-standing desire of the ZDK and some German bishops to relax this obligation of celibacy.

Recently, Bishop Georg Bätzing of Limburg considered that "if priests were free to choose marriage or not, it would not harm the Church."

A fairer place for women

It is not insignificant that the Third Commission, on Women in the Church, is probably under the responsibility of Bishop Franz-Josef Bode of Osnabrück and Dorothea Sattler, Professor of Dogmatic and Ecumenical Theology at the University of Münster. It was from Münster that the week of women's strike in parishes was launched in May, to demand a fairer place in the Church.

"It is important to open the right to reflect on an argument for the ordination of women. And this implies reflecting on the representation of Christ in the sacrament of the order," Sattler explained to La Croix.

Finally, the "Sexuality" commission will aim to make ecclesial discourse accessible and credible on these issues.

For Stephan Goertz, a moral theologian in Mainz, "all the prohibitions that the Church imposes on sexuality constitute a fundamental dilemma in the hearts of Catholics and contribute to keeping the baptized away."

To be binding, decisions must be taken by a majority of clergy and laity, but also by a two-thirds majority of bishops.

 

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