Les catholiques sont-ils vraiment représentés

Les catholiques sont-ils vraiment représentés dans le processus de synodalité du prochain concile national    

La façon dont l'Australie a organisé son prochain concile national pose question

John Warhurst

Australie

24 juillet 2021

Le Concile national d'Australie s’ouvre dans deux mois et l'incertitude demeure quant au rôle que joueront ses 282 membres : pas seulement sur le travail qu'ils y accompliront mais sur leur rôle tel qu’ils le conçoivent ou tel qu’il leur sera imposé par les autorités.

Etre participant et non délégué les libère un peu du lien avec leur diocèse ou un autre organisme "parrain". Mais cela n'a pas résolu une certaine confusion des rôles, tant parmi les participants que dans la communauté catholique. Cette confusion a des conséquences importantes.

Lors de la session de formation des participants le mois dernier, on m'a dit -dans le cadre d'une discussion sur le rôle dans l’assemblée synodale des liens avec la communauté ecclésiale- que l'assemblée plénière du Concile devrait idéalement être une communauté et non une bulle fermée.

J'ai été frappé par cette approche car elle résume bien les possibilités.

Les membres doivent travailler ensemble, mais pas au point d'oublier la communauté ecclésiale, pour permettre aux participants d'être un pont vers la communauté et de faire naître l'espoir que les baptisés ont le droit et le devoir de communiquer avec eux. Mon impression est que les organisateurs du concile ont toujours penché vers une vision étroite de cette assemblée. Les membres ont été informés qu'ils n'avaient pas de responsabilités au-delà des fonctions officielles du concile.

Les autorités n'ont pas essayé de prendre des mesures pour encourager les liens entre les membres et la communauté. Par exemple, elles n'ont pas publié des informations de contact, telles que les adresses électroniques, qui permettraient à la communauté de contacter directement les membres du concile. Elles ont aussi permis à plusieurs personnes de continuer à être membres bien qu'elles aient quitté temporairement leur diocèse pour voyager ou étudier. N’étant plus présents parmi leur peuple le lien souhaitable avec la communauté est rompu.

Il y a plusieurs types de participants. Beaucoup sont ex-officio parce qu'ils occupent des postes dans les diocèses, comme les évêques et les vice-généraux. Certains sont là parce qu'ils sont responsables d'instituts religieux. Les membres laïcs ont été choisis pour la plupart au sein des diocèses. D'autres ont été choisis dans des mouvements et commissions (comme le National Aboriginal and Torres Strait Islander Catholic Council, Conseil Catholique pour les nations arborigènes et du détroit de Torres).

Tous les membres espèrent que, d'une manière ou d'une autre, ils seront en lien avec ceux qui les ont délégués et qu'ils parleront en leur nom. Mais cette attente est vague. Plus claire est l’attente générale que l'assemblée "représente" collectivement la composition et la diversité de l'Eglise australienne. Dans une certaine mesure les règles du Vatican pour les conciles nationaux l’assurent mais cela ne mettra pas fin aux arguments légitimes concernant la représentativité de l'assemblée. Les laïcs sont clairement sous-représentés ; malgré tout un large éventail de catholiques, quel que soit le critère utilisé, se réunira début octobre.

Différentes conséquences pratiques découlent de cette incertitude des rôles. La représentation est toujours un concept délicat, comme le savent trop bien les parlementaires. Le débat est sans fin sur la signification de cette idée, tant dans l'idéal que dans le monde réel.

Les représentants votent-ils en leur âme et conscience ou sont-ils redevables à une force supérieure, telle que la communauté, l'électeur ou le parti politique ? Idéalement, les membres devraient jouer un rôle mixte. La représentation est toujours un concept délicat

Les participants eux-mêmes, dont beaucoup travaillent ou étudient à plein temps et sont très occupés, sont déchirés entre une préparation personnelle approfondie par la lecture, la prière et le discernement et l'écoute de la communauté catholique.

Certains ont invité la communauté à les contacter. La fraction de la communauté impliquée dans le concile, certes minoritaire, tend la main à ses représentants. C'est ce que font certains diocèses, paroisses, instituts religieux, groupes et individus. C'est un geste admirable.

Les derniers mois précédant l'assemblée pourraient encore donner lieu à beaucoup de propositions concrètes, comme l'a suggéré le concile lorsqu'il a publié les questions à l'ordre du jour.

Le dernier aspect de la représentation communautaire auquel il faut penser est la communication au sein d’une assemblée où les idées circulent parfois trop rapidement. Des voix chercheront à attirer l'attention : les membres devront être attentifs à ne pas les privilégier. Les participants doivent compter les uns sur les autres, sur leurs ressources intellectuelles et spirituelles personnelles et sur leurs amis proches qui peuvent être consultés de manière informelle et rapide.

La première Assemblée terminée, les neuf mois qui la séparent de la deuxième permettront à la communauté de réfléchir à ce qui s'est passé et de donner son avis sur ce qui aura émergé.

Ce ne seront pas des mois de jachère mais l'occasion de relire les priorités et, dans certains cas, de les repenser.

John Warhurst est professeur émérite de sciences politiques à l'Australian National University, président de Concerned Catholics Canberra Goulburn (Catholiques engagés du diocèse de Canberra-Goulburn) et délégué au concile national australien.

Pour en savoir plus : https://international.la-croix.com/news/religion/are-catholics-truly-being-represented-in-the-process-of-synodality/14700

Are Catholics truly being represented in the process of synodality?

The way Australia has organized its upcoming Plenary Council begs the question

July 24, 2021

By John Warhurst

Australia

The First Assembly of Australia's Plenary Council is only two months away, but uncertainty still remains about the role that its 282 members will play.

Not just about what work they will do but what conception of the role they will bring or will be imposed upon them by the authorities.

Their designation has changed from delegate to member, freeing them somewhat from the expectation that they will be tied to the views of their diocese or other 'sponsoring' body.

But it has not resolved some perceived role confusion both among the members themselves and within the wider Catholic community. This confusion has important consequences.

My member formation session last month was told, in the context of discussion about the part that connection with the wider Catholic community would play in the assembly, that the Plenary Council Assembly should ideally be a community but not a bubble.

I was struck by this description because it nicely encapsulates the possibilities.

There is a sense in which the membership should bond together to do its "job", but not to the extent of shutting out the general community.

This leaves room for individual members to be a bridge to the broader Catholic community and raises expectations that the Catholic people have a right and duty to communicate with them.My impression is that the Plenary Council organisers have always leant towards a narrow vision of the assembly. Members have been advised that they have no responsibilities beyond official PC duties.

The PC authorities have also not tried to take obvious steps towards encouraging connections between members and the community.

For instance, they have not provided public contact addresses, such as email addresses, which would enable the community to contact PC members directly.

They have also allowed several members to continue in their role although they have left their dioceses temporarily for travel or study. This breaks the desirable link to community as they are no longer present among "their people".

The representative role may vary according to the different types of members. Many are ex-officio because they hold positions in dioceses, such as bishops and vicar-generals.

Some are there because they are leaders of religious institutes. Lay members were mostly chosen from within dioceses. Some others were chosen from agencies and commissions, like the National Aboriginal and Torres Strait Islander Catholic Council.

The origins of all members probably bring with them some expectations that, in an unspecified way, they will connect with and 'speak for' those who put them there. But the expectation is vague.

There is also a general expectation that the assembly collectively 'represents' the composition and diversity of the church in Australia.

Within the existing constraints of Vatican rules for plenary councils this has been done to some extent, but it will not stop legitimate arguments about the representativeness of the assembly.The laity are clearly under-represented, but certainly a wide range of Catholics, by any measure, will come together in early October.

There are different kinds of practical consequences which flow from this role confusion. Representation is always a fraught concept anyway, as members of parliament know too well.

There is endless debate about what the idea means, both ideally and in the real world.

Are representatives casting a personal or conscience vote or are they beholden to a higher force, such as the community/electorate/political party? Ideally members should play a mixed role.

Representation is always a fraught concept

The members themselves, many of whom are in full-time employment or study and desperately busy, are torn between extensive personal preparation through reading, prayer and discernment and listening to the wider Catholic community.

Some have invited the community to contact them.

The interested part of the Catholic community, admittedly a minority, is now also reaching out to its PC members.

This is being done by some dioceses, parishes, religious institutes, official and unofficial groups and individuals. This is an admirable development.

The last months leading up to the assembly may once again generate a flurry of concrete proposals as suggested by the PC when it published the agenda questions.

The final aspect of community representation to think about is how difficult it will be within the assembly itself as specific ideas circulate quickly in detailed form. There will be a clamour of voices seeking attention so members will have to focus.

This period is when members will rely more and more on each other and their personal intellectual and spiritual resources or on a few close friends or mentors who can be consulted informally and quickly.

The opportunities for previously written formal submissions to make an impact will be overtaken for the time being by free-flowing informality.

Once the First Assembly has finished the nine months until the Second Assembly will revert to a more measured pace when the Catholic community has a chance to reflect on what has happened and to give its initial verdict on what has emerged.

These will not be fallow months, but rather an opportunity for general principles to be revisited and for priorities either to be reiterated or, in some cases, to be rethought.

John Warhurst is an Emeritus Professor of Political Science at the Australian National University, the Chair of Concerned Catholics Canberra Goulburn and a delegate to the Plenary Council.

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