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USA - « Conservatisme national » Pourquoi le nationalisme est incompatible avec la foi - LCI 11/09/2019

Depuis que Donald Trump a qualifié les immigrants mexicains de violeurs, les intellectuels conservateurs cherchent à savoir comment réagir.

 

 

 

« Conservatisme national »

Pourquoi le nationalisme est incompatible avec la foi

 

Matthew Sitman

États Unis

11 septembre 2019

 

Matthew Sitman est un éditeur associé de Commonweal.

 

Depuis que Donald Trump est descendu dans l'escalier roulant de la Trump Tower et a qualifié les immigrants mexicains de violeurs, les intellectuels conservateurs cherchent à savoir comment réagir.

Sa campagne pour la présidence, du moins sur le plan rhétorique, était une remise en cause du libéralisme économique et des guerres sans fin à l'étranger prônées par la droite, alors que sa vie personnelle était le fondement des cauchemars de la droite religieuse.

Au fil du temps, cependant, des écrivains et des penseurs conservateurs ont suivi la tendance des électeurs républicains et se sont adaptés, se rapprochant de D. Trump en essayant de transformer son fatras d'instincts et d'impulsions en quelque chose de plus cohérent et de plus respectable.

L’effort le plus sérieux visant à actualiser l’idéologie de droite dans l’ère Trump a été dévoilé en juillet au Ritz Carlton à Washington, DC lors d’une conférence consacrée au "conservatisme national".

Ce rassemblement a attiré l’attention.

L’administration de Trump était absente, comme le génial Stephen Miller[1]. A la place des orateurs de tous les horizons conservateurs étaient présents, allant de personnalités comme Yuval Levin[2] à l'ancien président de l'American Enterprise Institute[3], Chris De Muth, à des rédacteurs de magazines respectables comme R. R. Reno de First Things[4], au carnavalesque Tucker Carlson[5] de Fox News. Un sénateur des États-Unis, Josh Hawley, du Missouri, a même prononcé un discours d’introduction.

L'un des organisateurs de la conférence, Yoram Hazony, universitaire israélien, a donné un aperçu du mélange actuel de conservatisme social et de nationalisme : "Vous rejetez le christianisme, vous rejetez la Torah, vous rejetez Dieu et, en deux générations, les gens ne peuvent plus faire la différence entre un homme et une femme", a-t-il déclaré.

Les questions posées par l’immigration de masse sont difficiles, mais la réponse ne peut jamais être le nationalisme. "Ils ne peuvent pas faire la différence entre un étranger et un citoyen, ils ne peuvent pas faire la différence entre ce côté-ci et l'autre côté de la frontière."

Nombreux sont ceux qui ont insisté sur le fait que de tels sentiments anti-immigration n'avaient rien à voir avec le racisme, mais invoquaient plutôt la culture, les traditions anglo-américaines et la langue anglaise.

Mais le masque est tombé quand, lors d'une table ronde, la professeure de droit de l'Université de Pennsylvanie, Amy Wax, a expliqué que sa politique d'immigration préférée revenait à "affirmer que notre pays s'en sortira mieux avec plus de Blancs et moins de non-Blancs".

Ce commentaire rappelait celui que R. R. Reno avait fait dans The Atlantic[6] en juin. Lorsqu'on lui a demandé s'il s'inquiéterait autant de l'afflux d'immigrants venant de notre frontière nord que de ceux venant d'Amérique latine, il a répondu non. "Les Canadiens nous sont tellement semblables", a-t-il déclaré. "Ce n’est qu’une question d'ajustement culturel."

C’était dans le discours de R. R. Reno à la conférence : il s'est donné la peine d'affirmer qu'un chrétien pouvait et devait être un bon nationaliste, que la foi chrétienne n'était pas en conflit avec le nationalisme.

Il n’est pas troublant de constater que ce nationalisme exacerbé - du trumpisme bien habillé - est promu par des gens qui devraient mieux informés. Ces conservateurs nationaux semblent disposés à accepter la réalité d’enfants mis en cage et de bébés arrachés des bras de leur mère le long de notre frontière sud.

"J'espère que D. Trump appliquera les politiques d'immigration avec humanité", a déclaré R. R. Reno début 2017, "et je m’opposerai à lui s'il ne le fait pas." Mais R. R. Reno n’en a rien dit pendant son discours.

À quel niveau de brutalité monteront-ils, avec d'autres, lorsque la crise climatique provoquera une nouvelle vague d’immigration, comme elle le fera presque certainement ?

Il est particulièrement déconcertant que le nationalisme soit défendu sur la base de la foi chrétienne.

Les chrétiens savent que nous avons un seul roi, Jésus, et que tous les dirigeants terrestres jetteront un jour leurs couronnes à ses pieds. On ne peut jamais répondre à la question "Qui est mon voisin ?" en faisant simplement appel à des frontières tracées par des hommes

La conférence nationale sur le conservatisme a donc rappelé le combat des chrétiens et de tous les hommes de bonne volonté dans les années à venir. Les questions posées par l’immigration de masse sont difficiles, mais la réponse ne peut jamais être le nationalisme.

 

 

'National Conservatism'

Why nationalism is incompatible with religious faith

Matthew Sitman

United States

September 11, 2019

Ever since Donald Trump came down the escalator of Trump Tower and called Mexican immigrants rapists, conservative intellectuals have struggled with how to respond.

His campaign for the presidency, at least rhetorically, was a rebuke to the stale right-wing orthodoxies of economic libertarianism and endless wars abroad, while his personal life was the stuff of the religious right's nightmares.

Over time, however, conservative writers and thinkers have followed the lead of Republican voters and adapted, warming to Trump while attempting to turn his mishmash of instincts and impulses into something more coherent—and respectable.

The most serious effort to update right-wing ideology for the Trump era was unveiled this July at the Ritz Carlton in Washington, D.C.: a conference dedicated to "national conservatism."

Part of what made the gathering notable was who attended. Absent were Trump administration lackeys like the ghoulish Stephen Miller.

Instead, speakers from across the conservative spectrum were present, from mainstream figures like Yuval Levin and former American Enterprise Institute president Chris DeMuth, to respectable magazine editors like R. R. Reno of First Things, to the Fox News carnival barker Tucker Carlson. A United States senator, Missouri's Josh Hawley, even gave a keynote address.

A talk by one of the conference organizers, the Israeli academic Yoram Hazony, gives a sense of the mix of social conservatism and nationalism on display. "You throw out Christianity, you throw out the Torah, you throw out God, and within two generations people can't tell the difference between a man and a woman," he said.

Questions posed by mass migration are difficult, but the answer can never be nationalism

"They can't tell the difference between a foreigner and a citizen, they can't tell the difference between this side of the border and the other side of the border."

Many there insisted that such anti-immigration sentiments had nothing to do with racism, instead invoking culture, "Anglo-American traditions," and the English language.

But the mask slipped when, during a panel discussion, University of Pennsylvania law professor Amy Wax blurted out that her preferred immigration policies amounted to "taking the position that our country will be better off with more whites and fewer nonwhites."

That comment was reminiscent of one Reno made to the Atlantic in June. When asked if he'd be as worried about a surge of immigrants coming across our northern border as he is about those coming from Latin America, he claimed he wouldn't be.

"Canadians are so similar," he said. "Part of it has to do with the cultural fit."

That was of a piece with Reno's conference address, which took pains to argue that a Christian could and should be a good nationalist, that the Christian faith does not in fact conflict with nationalism.

It's beyond troubling that such full-throated nationalism—really, dressed-up Trumpism—is being promoted by people who should know better.

These "national conservatives" seem willing to accept the vicious reality of children being put in cages and babies being torn from their mothers' arms along our southern border.

"I hope Trump implements immigration policies in a humane way," Reno said in early 2017, "and I'll certainly be a spokesman against him if he doesn't."

But Reno didn't utter a word about this during his talk. What brutality will he and others acquiesce to when the climate crisis causes migration to increase, as it almost certainly will?

But it is especially disconcerting that nationalism is being defended on the basis of religious faith.

Christians know that we have one king, Jesus, and that all earthly rulers will one day cast down their crowns at his feet. The question "Who is my neighbor?" can never be answered simply by appealing to borders drawn by men.

The national conservatism conference, then, was a reminder of the struggles that Christians and all people of good will face in the years ahead. The questions posed by mass migration are difficult, but the answer can never be nationalism.

Matthew Sitman is an associate editor of Commonweal. You can follow him on Twitter.

 

 

[1] Le conseiller anti-émigration de D. Trump

[2] Analyste politique

[3] « Think tank » républicain, très à droite

[4] Revue mensuelle de tendance conservatrice chrétienne

[5] Editorialiste et animateur sur Fox News

[6] Mensuel culturel américain

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